Plaisirs et soins palliatifs

Dans le cadre des Journées de Percy, l’ASP fondatrice a voulu questionner la notion des plaisirs en soins palliatifs, de ses limites et de ses risques. La journée s’articulait en interventions en plénière et en ateliers sur l’analyse de situations problématiques.
Présentation de ces journées par M. Jean-François Combe, Président de l’ASP fondatrice.

L’aromathérapie en soins palliatifs. Mme Sagno. Sagno
Le service dans lequel Mme Sagno travaille accueille environ 450 patients par an et comporte des lits dédiés en soins palliatifs. Elle-même et son équipe sont très impliquées dans les soins palliatifs et travaillent en étroite collaboration avec l’EMSP de l’hôpital.
Tous les agents du service ont été formés en 2012 au toucher-massage, et à l’aromathérapie en avril 2013.
En équipe, ils ont choisi la diffusion atmosphérique des huiles essentielles avec une action par voie olfactive. En base, ils utilisent le Ravintsara, et y ajoutent soit de l’orange, soit de l’ylang-ylang, soit de la lavande, selon la demande des patients.
Ce soin est proposé aux patients qui le souhaitent et il a fallu à Mme Sagno la collaboration des instances décisionnaires de son service et de l’hôpital pour mettre en place la possibilité d’une telle thérapie.
Pour conclure, elle  a fait part du plaisir qu’ont ressenti et partagé aussi bien les patients que les soignants au cours de ces séances.

DSC_0042 - copieLa sexualité du couple en USP : des tabous aux possibles. Mme Pilon, infirmière à l’EMSP de Blois.
Ce travail  a été effectué lorsqu’elle était infirmière à l’USP de Luynes à Tours.
Pour Mme Pilon la sexualité est inhérente à la vie et elle existe jusqu’au bout de celle-ci. Elle nous précise que le terme « sexualité » est polysémique, en effet il n’a pas le même sens pour tout le monde et les représentations que nous en avons sont différentes pour chacun d’entre nous et d’ailleurs pas toujours conscientes.
Elle déplore le manque de formation des soignants sur cette question et qui, devant des manifestations de la sexualité des patients, ont tendance à les qualifier de malsaines, voire de pathologiques.
Trois axes de soins ont été proposés :
– reconnaître la sexualité comme inhérente au principe de vie (accepter – sensibiliser – connaitre – être attentif – être dans le non jugement )
– favoriser la sexualité du couple, par exemple  accepter qu’un conjoint s’étende sur le lit d’un(e) patient(e).
– faciliter la sexualité du couple, avec pour le domicile, des lits médicalisés doubles.
L’essentiel pour Mme Pilon est de toujours d’être attentif aux besoins affectifs des personnes malades et de favoriser les relations avec leur partenaire. Ces relations développent le bien-être, le narcissisme et la reconnaissance.

ChrétienSexualité et fin de vie , liberté et limites. Dr Jacques Chrétien, Le Croisic
La liberté au niveau de la sexualité est déjà limitée de fait par la maladie, l’entourage, la famille, la personne elle-même, la société, les soignants …mais celle-ci peut parfois tout de même s’exprimer par un ensemble des diverses modalités de la satisfaction sexuelle. Eric Fiat parle du « déchaînement libidinal « qui peut se produire en fin de vie.
Le/la bénévole est une personne sexuée. Les bénévoles sont une composante affective et sexuée de l’entourage du patient. Que faire de leurs propres émotions et des sollicitations qui peuvent leur être adressées?
Pour le Dr Jacques Chrétien la prise en compte de la sexualité fait partie intégrante de la prise en soins d’une personne en fin de vie.

SandraLa joie en soins palliatifs : peut-on la trouver ? Mme Sandra Meunier, art-thérapeute.
Mme Meunier se présente à nous maquillée et habillée telle qu’elle  se rend au lit des malades avec son personnage Anabelle. Elle  définit son travail comme celui d’une assistante de joie, une passeuse de rêves, un respirateur d’hôpital, mélangeant art du spectacle, humour et drôlerie, réflexion philosophique, poésie et  écoute en profondeur.
Anabelle demande aux participants de faire appel à des images mentales, avec lesquelles elle fait ressentir la nécessité de vivre la joie qui est en chaque personne vivante.
Par son intervention elle veut amener le patient à prendre conscience de sa joie profonde intérieure. Pour elle, la gaîté n’est pas la joie et être joyeux n’est pas une facilité, c’est une volonté.
Anabelle a invité tous les participants à travailler leur joie, ce qui provoqua émotion et plaisir.

BenarochLa voix qui nous anime. Mme Ruth Benaroch, art-thérapeute, accompagnée par le Dr Joseph Gazengel.
Intervention sur le chant et ses effets dans la relation à l’autre qu’il soit bien portant, souffrant d’autisme, vivant avec une maladie grave, dans le coma ou en fin de vie.
Pour Mme Benaroch  la voix de la mère est le premier rapport au monde de l’embryon. C’est la vibration du corps de la mère et la vibration de sa voix qui sont les premières sensations corporelles et auditives. Pour Mme Benaroch la voix intérieure est la matrice de la voix émise. La voix est une production corporelle ; la question est : comment s’adresser à ceux qui en sont privés ?
L’ artiste nous conte ses expériences en réanimation. Peut-on envisager qu’une voix aille toucher le corps de l’autre ? Peut-on envisager qu’une caresse raconte une histoire ?
percy

La deuxième partie de la journée s’est déroulée sous forme d’ateliers.
Quatre groupes ont travaillé chacun sur une situation complexe, récit relatant une situation problématique à partir de laquelle il fallait réfléchir aux limites de la relation bénévole-personne accompagnée.
Les diverses situations présentées étaient suffisamment concrètes et questionnantes, pour fournir ample matière à réflexion. La mise en commun des différentes productions a été très riche et a donné lieu à de véritables échanges sur la place, le rôle et les limites dans l’accompagnement bénévole.

Cette journée fut riche en témoignages et en approches sur les plaisirs en fin de vie, chacun des participants a ainsi pu se questionner sur ses limites et le cadre dans lequel il intervient ainsi que sur les risques liés à la relation particulière inhérente à l’accompagnement en fin de vie.

Noèle de Buyer
Bénévole de l’ASP fondatrice

Photos: François Mayu
Vidéos: Alain et Bia