Décryptage du sondage Ifop réalisé pour l’ADMD sur « le regard des français sur la fin de vie » .
Manipulation dans les réponses aux questions.
« Selon vous , la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie des personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent ? »
Dans le sondage les propositions sont : oui, absolument, oui, dans certains cas, non.
À ce type de question extrêmement précise on devrait pouvoir répondre OUI ou NON. Puisque l’on a proposé « oui, dans certains cas » pourquoi ne pas avoir fait la proposition symétrique « non, dans certains cas » ?
Que veulent dire les 42% des personnes qui répondent « oui, dans certains cas »? dans 42% des cas elles sont pour et dans 48% des cas elles sont contre !
Manipulation dans l’usage des mots :
La deuxième question concerne « le respect de la promesse de François Hollande au sujet de la loi sur l’euthanasie ».
L’engagement 21 de la campagne de François Hollande ne propose jamais l’euthanasie.
Le texte exact est :
« Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. »
Manipulation dans l’interprétation entre les causes et les effets :
La troisième question porte sur le regard des Français sur les cas de suicide assisté en Suisse. Il est présenté que 94% des sondés comprennent que des Français atteints de maladies incurables fassent le choix de partir en Suisse pour bénéficier d’un suicide assisté . Cela montrerait que la loi Leonetti sur la fin de vie en France fonctionne de manière insatisfaisante.
Nous pouvons faire tout aussi bien l’interprétation inverse : c’est parce que les lois sur les soins palliatifs et la loi Leonetti ne sont toujours pas effectivement appliquées (80% des personnes qui en ont besoin ne bénéficient pas de soins palliatifs – Rapport du 21 octobre du CCNE), que des personnes souffrant de maladies graves expriment le besoin d’en finir.
Si la seule alternative c’est souffrir ou euthanasie / suicide assisté, il est même surprenant que ce ne soient pas 100% des sondés qui répondent oui à l’euthanasie/suicide assisté et non à la souffrance !
Il est temps comme le préconise dans son rapport le CCNE de « mettre fin à un scandale qui dure depuis 15 ans : le non respect aux droits reconnus par les lois … Il s’agit de donner enfin accès à tous aux droits ouverts par la loi du 9 juin 1999 visant à garantir le droit d’accès aux soins palliatifs, aux droits ouverts par la loi du 4 mars relative aux droits des malades et à al qualité du système de santé, aux droits ouverts par la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie ».
