Mia madre : bellissimo!

La chambre du fils, de Nanni Moretti,  Palme d’or du festival de Cannes en 2001,  racontait les répercussions de la mort d’un adolescent auprès des membres de sa famille.
Cette fois-ci dans son dernier film Mia madre, Nanni Moretti met en scène les dernières semaines de la vie d’une mère et comment ses deux enfants Margherita et Giovanni s’y confrontent.

Margherita, réalisatrice, est en plein tournage d’un film  social. Entre ses problèmes de tournage, ses problèmes relationnels avec sa fille, et sa rupture avec son ami, elle a parfois du mal à entendre les informations qui lui sont données sur l’état de santé de sa mère.

Rêves et souvenirs s’entremêlent et ce sont eux, plutôt que la réalité, qui lui permettent de percevoir ce qu’elle se refuse à admettre, sa mère est en train de mourir.

Son frère, Giovanni, a fait un autre choix, celui de la disponibilité. La maladie de sa mère  l’incite justement à prendre  » une disponibilité  » de deux mois dans son activité professionnelle pour s’occuper d’elle.
Il lui prépare des repas qu’elle aime, est à  son écoute.
Il  va à la rencontre des soignants et échange avec eux sur l’état de santé de sa mère ; il tente de faire entendre la gravité de la situation à sa sœur.  Il  finira par prendre seul la décision pour que sa mère puisse terminer sa vie à son domicile.

Mia madre est un film sur la perte.
De la perte de la mémoire et de l’oubli des dialogues par l’acteur du film  avec des séquences de pure comédie où l’on est heureux de rire de bon cœur.
De la perte et de la lutte des ouvriers pour leur emploi  dans le  film tourné par Margherita.
Mais surtout de perte de la mère : perte des repères par celle-ci, perte de son savoir et de la difficulté de la transmission de ceux-ci à ceux qui resteront.

L’émotion contenue dans le jeu des acteurs, la sobriété dans la mise en scène, la pudeur dans l’expression des sentiments des personnages font de Mia madre un film  poignant dont nous sortons émus, bouleversés.

Ce film nous amène à nous questionner intimement sur les priorités dans nos vies, sur la proximité que nous savons entretenir ou pas avec ceux qui nous sont chers, de l’attention et de  l’amour que nous savons leur témoigner, que nous savons nous porter.