Le besoin reconsidéré en soins palliatifs

La corpalif organise le vendredi 20 Janvier 2017 à 20 H 30 à la salle Pélicier (6ème étage dans le laboratoire d’Ethique médicale) de la Faculté de Médecine au 45, rue des Saints Pères – 75006 Paris sur le thème du Besoin reconsidéré avec Robert W. Higgins, Psychanalyste.

« Les Soins Palliatifs ont mis un accent insistant sur les besoins du mourant, parlant même de « besoins psychologiques » et de « besoins spirituels », alors même qu’ils font largement référence à la psychanalyse dans leur conception de l’accompagnement de la personne en fin de vie, et que de nombreux analystes de leur côté récusent toute référence à la notion même de besoin, comme aux soins qui lui répondent, privilégiant parfois exclusivement l’écoute des désirs et de la vie fantasmatique des patients.

S’il est hors de question d’exclure la prise en compte du désir – que Freud a toujours considéré comme « indestructible » – pas plus que de considérer sans précautions le besoin ou les besoins, il m’apparaît encore davantage aujourd’hui que cette insistance des soins palliatifs sur les besoins, que j’ai pu critiquer avec ironie et violence parfois au nom d’une certaine orthodoxie psychanalytique, n’était pas sans pertinence, et qu’il y a à en dégager, à en préciser des éléments, des perspectives – non moins « indestructibles » – essentiels, tant pour la pratique palliative que pour l’analyse ; c’est en ce sens qu’ici même en 2010 j’avais pu regretter « une rencontre manquée » entre les deux disciplines.

 

Reconsidérer le besoin avec Winnicott (« L’observation des jeunes enfants dans une situation établie » (1941), in De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 1969, nouvelle édition refondue, 1989, p. 37-56, et autres textes qui le prolongent), observant de façon beaucoup plus approfondie – plus attentif à ce qui se passe entre l’enfant et sa mère que simple observateur – les premiers jeux de l’enfant que Freud a immortalisé sous le terme de « Fort-Da », peut nous permettre de renouveler nos conceptions du « cadre », de la « relation de soin » – dégager ce qu’elle a de bien plus essentiel que ce que désigne « le relationnel » si souvent invoqué – comme de « la bonne distance » ; de réenvisager la fonction des interdits fondamentaux par rapport au maintien de la vie, de l’espèce comme des sujets, à la réponse aux besoins vitaux. D’accueillir ces notions qui nous sont évidentes, trop évidentes sans doute, dans une approche que l’on pourrait dire, avec Monique Schneider, plus « féminine ».

Les travaux de Nathalie Zaltzman (De la guérison psychanalytique, P.U.F. 1999) et des analystes qui ont collaboré avec elle (La résistance de l’humain, P.U.F. la même année) comme Géraldine Cerf de Dudzeele, autour des situations extrêmes comme celles qu’ont connues les victimes de la Shoah et des Camps, nous conduira à un réexamen critique de ce que Freud a nommé « autoconservation », comme de l’opposition pulsions de vie / pulsions de mort, ou de la difficile question de l’identification. Ce qui pourra nous aider à enrichir, à revitaliser notre pratique, en particulier lorsque nous sommes tentés de refuser de nous reconnaître en l’autre, de reconnaître en lui une commune humanité, ainsi qu’Agata Zielinski nous en a posé la difficile question lorsqu’elle est venue nous parler du destin de l’empathie face à l’autre en situation extrême. »